Formidable machine à engranger des recettes en retenant sa clientèle dans l’enceinte du parc et lui offrant des attractions d’une qualité irréprochable mais aussi des boutiques, restaurants, hôtels, la machine Disney a surtout su créer des personnages ayant réussi à devenir des héros modernes - DR : Depositphotos.com, LeeSnider
Impossible d’échapper au centenaire des studios Disney.
Avec leur puissante machine médiatique, les studios devenus The Walt Disney Company entendent bien faire savoir au monde comment, il y a un siècle, ils ont réinventé le dessin animé (qui existait déjà), le cinéma d’animation, une esthétique et des personnages non seulement universels mais immortels, qui n’ont échappé à aucun enfant, ni adulte, et continuent d’exercer une véritable fascination.
Fascination d’autant plus forte que Disney a eu l’idée géniale de les faire vivre à travers un merchandising comme seuls les Américains savent en faire, des journaux, radios et télévisions, des comédies musicales comme le Roi Lion devenue la production la plus rentable de Broadway, et surtout des parcs de loisirs qui, de Los Angeles à Shanghai, en passant par l’Île-de-France, attirent des millions de visiteurs (surtout jeunes) et les fidélisent d’autant mieux qu’ils ont jeté les bases d’un modèle de divertissement que la grande majorité de leurs concurrents ont tenté d’imiter.
Sans le même succès.
Avec leur puissante machine médiatique, les studios devenus The Walt Disney Company entendent bien faire savoir au monde comment, il y a un siècle, ils ont réinventé le dessin animé (qui existait déjà), le cinéma d’animation, une esthétique et des personnages non seulement universels mais immortels, qui n’ont échappé à aucun enfant, ni adulte, et continuent d’exercer une véritable fascination.
Fascination d’autant plus forte que Disney a eu l’idée géniale de les faire vivre à travers un merchandising comme seuls les Américains savent en faire, des journaux, radios et télévisions, des comédies musicales comme le Roi Lion devenue la production la plus rentable de Broadway, et surtout des parcs de loisirs qui, de Los Angeles à Shanghai, en passant par l’Île-de-France, attirent des millions de visiteurs (surtout jeunes) et les fidélisent d’autant mieux qu’ils ont jeté les bases d’un modèle de divertissement que la grande majorité de leurs concurrents ont tenté d’imiter.
Sans le même succès.
Disney : des parcs à thèmes recopiés mais jamais égalés
Ainsi, la Floride entre autres, a exploité l’installation du Disney World en proposant 6 parcs et bien d’autres attractions : golf, spas, villages hôteliers.
De quoi attirer sur le seul Magic Kingdom 17 millions de visiteurs en 2022. Un record au niveau mondial, puisque c’est 6 millions de plus que le parc de Shanghai et que celui de Hong Kong. En année normale.
En France, le parc Disney reste la destination la plus fréquentée de la région Île-de-France.
Même après le Covid, Disneyland Paris a réussi à ouvrir avec de nouvelles attractions réinventées comme les Cars Road Trip et peu de temps après le Disney’s Hotel New York - The art of Marvel où, selon la présidente de la destination : « nous franchissons une nouvelle étape dans la refonte de notre offre hôtelière et dans la transformation de l’expérience visiteur, en les plongeant encore davantage dans nos histoires les plus populaires ».
Lire aussi : Disneyland Paris ouvre son Marvel Avengers Campus, pour former les super-héros de demain...
Et d’ajouter : « c’est aussi un magnifique symbole de la relance du tourisme dans laquelle notre destination continuera de jouer un rôle-clé. ».
Bien évidemment, avec une moyenne de 20 000 visiteurs par jour, le parc francilien enregistre depuis son ouverture en 1992, environ 13 à 14 millions de visiteurs annuels parmi lesquels les étrangers pèsent un peu plus de 50%.
Le principal concurrent en Europe : Europa Park, n’enregistre pour sa part que 2,5 millions de visiteurs !
De quoi attirer sur le seul Magic Kingdom 17 millions de visiteurs en 2022. Un record au niveau mondial, puisque c’est 6 millions de plus que le parc de Shanghai et que celui de Hong Kong. En année normale.
En France, le parc Disney reste la destination la plus fréquentée de la région Île-de-France.
Même après le Covid, Disneyland Paris a réussi à ouvrir avec de nouvelles attractions réinventées comme les Cars Road Trip et peu de temps après le Disney’s Hotel New York - The art of Marvel où, selon la présidente de la destination : « nous franchissons une nouvelle étape dans la refonte de notre offre hôtelière et dans la transformation de l’expérience visiteur, en les plongeant encore davantage dans nos histoires les plus populaires ».
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Et d’ajouter : « c’est aussi un magnifique symbole de la relance du tourisme dans laquelle notre destination continuera de jouer un rôle-clé. ».
Bien évidemment, avec une moyenne de 20 000 visiteurs par jour, le parc francilien enregistre depuis son ouverture en 1992, environ 13 à 14 millions de visiteurs annuels parmi lesquels les étrangers pèsent un peu plus de 50%.
Le principal concurrent en Europe : Europa Park, n’enregistre pour sa part que 2,5 millions de visiteurs !
Et puis Mickey vint au monde...
Formidable machine à engranger des recettes en retenant sa clientèle dans l’enceinte du parc et lui offrant non seulement des attractions d’une qualité irréprochable mais des boutiques, restaurants, hôtels, la machine Disney a surtout su créer des personnages ayant réussi à devenir des héros modernes, ou en tout cas de véritables référents pour tous les enfants et adultes du monde qui se reconnaissent d’autant mieux en eux que leur créateur excelle dans le genre anthropomorphique.
Animaux déguisés en humains, ils ont la particularité d’appartenir à deux réalités qui en font l’originalité, le caractère universel et surtout cette sorte d’innocence dont les enfants ont besoin pour s’échapper du monde réel.
En même temps, ce sont des stéréotypes : l’avare c’est Picsou, l’oncle prétentieux c’est le jars Gontrand le veinard. Les enfants farceurs ce sont Riri, Fifi et Loulou. Mais surtout, il y a eu Mickey…
Né en 1927, au même moment que le cinéma parlant qui sort en salle Le Chanteur de jazz, Mickey dont le nom a été soufflé par la femme du dessinateur, connait un premier triomphe.
Grâce au génie de Disney, il devient la vedette de Steamboat Willie, une parodie de Steamboat Bill de Buster Keaton dont la caractéristique majeure consiste en une bande son synchronisée à l’image. Une prouesse pour l’époque.
Mais, autre prouesse : Mickey travesti en une sorte de personnage mi-adulte mi-enfant, se révèle un plaisantin et un farceur invétéré. Plein d’humour (une qualité indispensable aux personnages de Disney), il ne se laisse pas faire et fourmille d’ingéniosité pour se battre contre les « méchants » qu’il rencontre sur sa route et surtout pour gagner.
Car, dans le monde de Disney totalement dénué de sérieux, la morale doit être sauve. Il y a des bons et des méchants, et ce sont les bons qui gagnent. Mais, personne ne souffre vraiment. Le mal n’existe que sous la forme de petites farces comiques toujours démasquées !
Autre atout de Steamboat Willie, Mickey a une compagne : la célébrissime Minnie à la robe et au chapeau fleuris, toujours souriante elle aussi, qui constitue un gage de normalité.
Grâce à sa présence et plus tard grâce à celle de petits-enfants, on peut estimer que Mickey a fait entrer dans les imaginaires de l’époque une véritable famille aussi rassurante que possible, pas loin de correspondre au modèle que le rêve américain est en train de proposer au monde.
Un monde parallèle, enchanté, destiné à faire rêver les enfants, avec pour figure de proue « le château de la belle au bois dormant ».
Animaux déguisés en humains, ils ont la particularité d’appartenir à deux réalités qui en font l’originalité, le caractère universel et surtout cette sorte d’innocence dont les enfants ont besoin pour s’échapper du monde réel.
En même temps, ce sont des stéréotypes : l’avare c’est Picsou, l’oncle prétentieux c’est le jars Gontrand le veinard. Les enfants farceurs ce sont Riri, Fifi et Loulou. Mais surtout, il y a eu Mickey…
Né en 1927, au même moment que le cinéma parlant qui sort en salle Le Chanteur de jazz, Mickey dont le nom a été soufflé par la femme du dessinateur, connait un premier triomphe.
Grâce au génie de Disney, il devient la vedette de Steamboat Willie, une parodie de Steamboat Bill de Buster Keaton dont la caractéristique majeure consiste en une bande son synchronisée à l’image. Une prouesse pour l’époque.
Mais, autre prouesse : Mickey travesti en une sorte de personnage mi-adulte mi-enfant, se révèle un plaisantin et un farceur invétéré. Plein d’humour (une qualité indispensable aux personnages de Disney), il ne se laisse pas faire et fourmille d’ingéniosité pour se battre contre les « méchants » qu’il rencontre sur sa route et surtout pour gagner.
Car, dans le monde de Disney totalement dénué de sérieux, la morale doit être sauve. Il y a des bons et des méchants, et ce sont les bons qui gagnent. Mais, personne ne souffre vraiment. Le mal n’existe que sous la forme de petites farces comiques toujours démasquées !
Autre atout de Steamboat Willie, Mickey a une compagne : la célébrissime Minnie à la robe et au chapeau fleuris, toujours souriante elle aussi, qui constitue un gage de normalité.
Grâce à sa présence et plus tard grâce à celle de petits-enfants, on peut estimer que Mickey a fait entrer dans les imaginaires de l’époque une véritable famille aussi rassurante que possible, pas loin de correspondre au modèle que le rêve américain est en train de proposer au monde.
Un monde parallèle, enchanté, destiné à faire rêver les enfants, avec pour figure de proue « le château de la belle au bois dormant ».
« Construire le rêve en réalité »
Un château inspiré par le film d’animation éponyme. Car, le succès de Disney dans les années suivantes consista surtout à produire et réaliser les films d’animation les plus raffinés et élaborés de leur époque.
Le premier Blanche Neige a remporté un succès sans précédent. Suivis par toute une série de contes populaires d’une qualité irréprochable tant dans le dessin que le scénario, tous sont devenus des succès planétaires que les enfants continuent de regarder et emmagasiner dans leurs imaginaires tels des trésors auxquels ils feront référence toute leur vie et qu’ils transmettront à leurs propres enfants.
Attachés aux personnages, les spectateurs ne souffrent d’ailleurs même pas qu’on les modifie, indique une très récente étude Ifop.
Le premier Blanche Neige a remporté un succès sans précédent. Suivis par toute une série de contes populaires d’une qualité irréprochable tant dans le dessin que le scénario, tous sont devenus des succès planétaires que les enfants continuent de regarder et emmagasiner dans leurs imaginaires tels des trésors auxquels ils feront référence toute leur vie et qu’ils transmettront à leurs propres enfants.
Attachés aux personnages, les spectateurs ne souffrent d’ailleurs même pas qu’on les modifie, indique une très récente étude Ifop.
Selon cette étude, le dessin animé préféré des Français n'est nul autre que Le Roi Lion avec 15% de suffrages.
Juste après les aventures de Simba, on retrouve celles de Cendrillon, avec 5% des votes. Le Livre de la Jungle et Bambi sont ex aequo avec un score de 4%, suivis de Blanche-Neige et les Sept Nains, La Belle et la Bête et Mulan, qui s'en sortent avec 3%.
Mais surtout : 62% des Français se montrent très conservateurs, autant que les Américains, et ne souhaitent pas que les personnages évoluent en épousant les nouvelles valeurs de la société : Minnie féministe ? Non. Donald « gay » ? Non !
Juste après les aventures de Simba, on retrouve celles de Cendrillon, avec 5% des votes. Le Livre de la Jungle et Bambi sont ex aequo avec un score de 4%, suivis de Blanche-Neige et les Sept Nains, La Belle et la Bête et Mulan, qui s'en sortent avec 3%.
Mais surtout : 62% des Français se montrent très conservateurs, autant que les Américains, et ne souhaitent pas que les personnages évoluent en épousant les nouvelles valeurs de la société : Minnie féministe ? Non. Donald « gay » ? Non !
Et puis, il y a eu aussi les paquebots de croisières appartenant à la Disney Cruise Line, sur lesquels l’ambiance est totalement dévouée au monde merveilleux de la grande famille Disney.
Il y eut aussi les îles privatisées pour la clientèle exclusive des croisiéristes.
Sans compter une véritable ville construite de toutes pièces en Floride, du nom de Celebration où il était promis aux visiteurs de pouvoir adopter un mode de vie exemplaire et traditionnel. Une ville idéale en somme dont le succès fera long feu.
Il y eut aussi les îles privatisées pour la clientèle exclusive des croisiéristes.
Sans compter une véritable ville construite de toutes pièces en Floride, du nom de Celebration où il était promis aux visiteurs de pouvoir adopter un mode de vie exemplaire et traditionnel. Une ville idéale en somme dont le succès fera long feu.
Les paradoxes du système Disney
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Mais, la magie de Disney ne pouvait séduire tout le monde.
Les adversaires du système ne manquent pas et surtout rivalisent de combativité pour mettre à mal un empire auquel il est surtout reproché son omnipuissance, son omniprésence, sa prospérité parfois jugée sans scrupules tant elle est insolente, alors que c’est la marque qui agence le plus de confiance de la part de toute l’histoire du marketing, écrit l’essayiste Carl Hiaasen dans « La souris aux dents longues ».
Pire ! Cet essayiste écrit : « Elle nous harponne quand on est petit, et elle ne nous lâche plus ». Une critique à l’unisson de tous les détracteurs qui estiment que le monde s’est laissé peu à peu contaminer par des personnages sans épaisseur, trop optimistes et naïfs, conservateurs, incapables de s’engager et de se battre pour de grandes causes.
Ainsi, nul n’ignore que Disney se montra un anti communiste acharné et fut également taxé de racisme et d’antisémitisme dans l’atmosphère délétère de l’après-guerre.
Une chercheuse de son côté accuse les films de Disney de ne pas assez représenter la nature. Or, celle-ci considère que « moins, on représente la nature, moins celle-ci est présente dans nos imaginaires et moins on a envie de la protéger. C’est ce que l’on appelle l’extinction de l’expérience ».
Quant à la géographe Sylvie Brunel, elle a intitulé un ouvrage dans lequel elle racontait son voyage autour du monde : « La planète disneylandisée ». Elle y expliquait comment les productions de Disney contribuaient à uniformiser le tourisme dans tous les pays du monde et à transformer les territoires en véritables parcs à thèmes inspirés par la petite souris.
Mais nul ne doute que les critiques sont vaines et que l’empire Disney résistera à l’épreuve du temps…
Les adversaires du système ne manquent pas et surtout rivalisent de combativité pour mettre à mal un empire auquel il est surtout reproché son omnipuissance, son omniprésence, sa prospérité parfois jugée sans scrupules tant elle est insolente, alors que c’est la marque qui agence le plus de confiance de la part de toute l’histoire du marketing, écrit l’essayiste Carl Hiaasen dans « La souris aux dents longues ».
Pire ! Cet essayiste écrit : « Elle nous harponne quand on est petit, et elle ne nous lâche plus ». Une critique à l’unisson de tous les détracteurs qui estiment que le monde s’est laissé peu à peu contaminer par des personnages sans épaisseur, trop optimistes et naïfs, conservateurs, incapables de s’engager et de se battre pour de grandes causes.
Ainsi, nul n’ignore que Disney se montra un anti communiste acharné et fut également taxé de racisme et d’antisémitisme dans l’atmosphère délétère de l’après-guerre.
Une chercheuse de son côté accuse les films de Disney de ne pas assez représenter la nature. Or, celle-ci considère que « moins, on représente la nature, moins celle-ci est présente dans nos imaginaires et moins on a envie de la protéger. C’est ce que l’on appelle l’extinction de l’expérience ».
Quant à la géographe Sylvie Brunel, elle a intitulé un ouvrage dans lequel elle racontait son voyage autour du monde : « La planète disneylandisée ». Elle y expliquait comment les productions de Disney contribuaient à uniformiser le tourisme dans tous les pays du monde et à transformer les territoires en véritables parcs à thèmes inspirés par la petite souris.
Mais nul ne doute que les critiques sont vaines et que l’empire Disney résistera à l’épreuve du temps…
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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